samedi 30 décembre 2006

Vaut Rien Malheureusement

Chapitre 10


Suite de l'histoire du Vilain et Méchant Corbeau Croacroa dit
Vaut Rien Malheureusement (VRM? vous connaissez?)


Vous vous en souvenez j'imagine, Croacroa était descendu cramer aux Enfers, emporté par les vautours au royaume des Ténèbres chez Satan le Rouge, mais comme vous savez aussi chez ce roi de la viande grillée, du steak-minute, on crame tous les jours à petit feu mais on ne meure pas: aussi pendant ces heures de friture, Croacroa suait sang et eau, une eau putride à l'image de sa vie et en même temps il en voyait se dérouler le fil : par bribes dans une demi inconscience car de temps à autre les démons secondaires venaient lui asticoter les pattes ou le bec en se moquant de son œil rouge et de son bronzage. Il faut dire que Croacroa ressemblait un peu aux bicots qu'il détestait tant parce qu'ils n'étaient pas de bonne souche, comme lui le brave corbeau du terroir. Il avait la carnation plutôt olivâtre, des yeux noirs et vicieux comme son âme; un bec crochu, une vraie caricature de corbeau, à croire qu'il n'était pas le fils de ses honnêtes parents. Vous ne lui auriez pas donné quatre sous tant il faisait peur à tous les gentils oiseaux. Un verbiage à l'unisson de son plumage. Il croassait avec précipitation, les croacroa se bousculant dans son bec avec violence et fielleux avec ça! Toujours prêt à trahir, à cracher le morceau sur ses complices pour récupérer dans son nid quelques graines ou pour faire croire que lui le corbeau Croacroa n'était pas celui qu'on croit, Vaut Rien Malheureusement. Il allait proposer de temps à autre pour se sauver des pièges qui se refermaient sur lui, des contrats puants, ficelés de cordes pourries qui lui ressemblaient! Pouah, pouah, pouah, le sale corbeau! De plus il n'aimait pas les oiseaux femelles et préférait les mâles, même que les oiseaux femelles il les détestait autant que sa mère et quand il pouvait leur enlever quelques plumes il ne s'en gênait pas, surtout quand il pouvait les surprendre sans qu'on le voit. Toujours sans témoins, il était malin notre corniaud! La groooooosse Buuuuse obtuuuuuuuse ne manquait pas de lui envoyait quelques notes sur son flûtiau dès que l'une de ses ennemies femelles prenait son vol pour quelque voyage. Il avait guetté la fauvette blanche lors de l'un de ses envols, l'avait poursuivie, attendue, et lui était tombé dessus en proférant des croassements d'orfraie et en la malmenant tellement que la pauvre avait dû aller consulter le docteur Choucas qui avait mis ses grosses lunettes rondes et l'avait mise au repos avec forces herbes curatives. Le gendarme Merle gris avait mal pris cette attaque incivile et avait dressé procès-verbal. Croacroa avait eu beau dire qu'il n'avait pas levé l'aile ni ouvert le bec, personne ne l'avait cru car on l'avait bien reconnu, lui ses pompes et ses oeuvres. Il avait lourdement payé son agression, les vautours l'avaient bouclé quelque temps dans la tour et l'avaient plumé au sang; il ne s'en était sorti que parce que sa méchanceté naturelle le nourrissait tout autant que les rago(û)ts des poubelles. De retour dans son obscure et croupissante bicoque, dans son nid plein de souris crevées, apportées par l'ectoplasme pour le réconcilier avec la vie, il ruminait à nouveau de saumâtres vengeances. Il appela le banc et l'arrière banc des gibiers de potence Il en vint de partout, à tire-d'aile, car pour tricoter de sadiques histoires de poubelles, ils s'y connaissaient tous. Il en vint de l'ouest, des sales corneilles piaillardes et pleines de rancœur, des corbeaux déplumés, des claque- du- bec qui enfilèrent des perles avec Croacroa des nuits entières, encombrant notre ciel de leurs miasmes et puanteurs. Ils en avaient après la vieille pie borgne du bord de mer mais voilà celle-là elle était devenue l'âme damnée de Croacroa depuis qu'elle lui avait promis de lui donner un nid dans le conseil de la communauté des oiseaux. Ils croassaient la nuit dans l'ombre de sombres stratégies de pouvoir à vous en faire dresser les plumes sur la tête, Croacroa pensait même à mettre à mort nos pauvres amis et notamment les fauvettes, la blanche et la noire, le président serin et les mésanges ses amies.. Alors il fallait voir Croacroa ménager la chèvre et le chou, c'est comme ça que l'on dit n'est-ce pas? La chèvre c'était la vieille bique pie borgne, le chou c'était la bande de corneilles piaillardes de l'ouest, les cassoulets comme on les appelait car ils aimaient les haricots. Drôle d'idée mais le mauvais goût ça existe même chez les oiseaux et ceux-là, ils n'avaient pas que le goût de mauvais! Mais tous ils se mettaient d'accord contre Un, car ils en avaient tous contre le pauvre président serin et ses amis, des gens comme il faut qui ne cherchaient pas d'embrouilles et qui avaient mis le temps, trop de temps, à comprendre tant de méchancetés. Ils avaient redressé la maison à vau- l'eau il y a quelques années car la vieille pie borgne, vous savez celle qui se disait blanche comme le lait, le suppôt de justice, dont je dis, moi, qu'elle est noire comme le péché, qui en était la présidente en ces temps de misère noire comme elle, laissait mourir nos pauvres oiseaux réfugiés, sans leur donner la moindre attention uniquement préoccupée de ses plumes et de son caquet et pour le caquet elle en avait la borgne Hou hou hou! comme fait mon amie la chouette, je me mets la tête sous l'aile quand je pense à tous ces pogroms d'oiseaux, des tas et des tas! Et elle s'en fichait la borgne, elle s'en fichait, elle s'occupait que de ses frisettes (hum! de ses voyages Hou, hou, hou! à nos frais (hou, hou, hoooooouh, wip, wip, wip, je pleure une larme d'oiseau quand je pense à tous nos frères morts dans ses geôles!). Ah! S'il n'y avait eu que ces corbeaux-corneilles-pies voyous on aurait pu les neutraliser, mais hélas, il y en avait d'autres, des mous, des envieux, des ambitieux et tout ça fricotait, fricotait, fricotait. Il y avait ses deux âmes damnés, deux fieffés escrocs, un méchant faucon noir des pieds à la tête avec des hublots sinistres et sa copine, une autre dinde dodue pâlichonne et rouée toujours à vous faire des grâces pour mieux vous tenir en laisse. Ah ! Ils nous en ont bouffé des réserves ! Pour en revenir à notre maniaque de la lettre anonyme(il paraît qu’il s’envoie même à lui…ah,AAAAAAAh, les flûtiaux marchaient jour et nuit et le corbeau-facteur, le clone de Croacroa, celui qui fait toctoc dans sa tête, le benêt de service, il portait les lettres à tire d'aile sur tout le territoire, car même bête comme il est, il voudrait bien devenir roi…il ne sait même pas compter ses graines, il se trompe en additionnant 1+1. Ah, ah, ah! Et le glabre toujours collé au train du juge-vautour qui de temps en temps lui balançait un sacré coup de bec pour le remettre à sa place de valet croque-mort. Et ce grand dadais de héron qui s'y croyait, le bec enfariné, avec son croassement que moi j'y pige rien et les autres non plus même s'ils ne le disent pas et sa dinde dodue, roucoulante espérant sa demi-couronne de quoi déjà? ah peut-être avec les bijoux volés de notre vieil oiseau mort dans son nid abandonné de tous …sauf du héron hé, hé, hé…! ! Toc, toc, toc, du toc tout ça! Aïe, aïe, aïe: Pauvres de nous tous de la République des oiseaux, nous les simples, les braves, les gentils, on y comprend plus que couic, couic, ça me fait penser à l'autre dingue qui n'arrête pas de donner des coups de bec partout et méchants avec ça, la bécasse ex Val d'Orge, es-diplômée en nids anglais(les meilleurs!) et sa copine, celle qui croasse sans arrêt, méchante et sotte malgré ses prétentions de diplômée de quoi déjà? Ah! De la tchatch à revendre au super-marché des analphabètes, de la loi réécrite pour eux… pour ses copains les débiles mentaux, les érodés de la citrouille, les calebasses percées, les lecteurs du code spécial Société Protectrice des Analphabètes.! Ah je vous jure, ce qui me fait peur à moi, ce sont les braves oiseaux, j'ai peur qu'ils désertent la Maison des Oiseaux, qu'ils aillent voir ailleurs où ça sent pas le pourri comme chez nous! J'ai beau dire à mes copains à moi que Croacroa crame en Enfer, personne ne veut me croire, ils veulent tous partir! Ah je sens l'odeur de la poudre de la poudre des chasseurs, des chasseurs d'oiseaux. Le rossignol est venu me voir en catimini, il a fait deux ou trois trilles et m'a adressé un clin d'œil pour me dire "Ecoute" et voici ce qu'il m'a chanté.
Oiseau tu dors,
ta maison ta maison ils la cassent
Oiseau tu dors,
ta maison, ta maison est cassée
Oiseau prends garde
Sans vergogne, ils te plumeront
Oiseau prends garde
Sans vergogne, ils te voleront

Ta maison, ta maison , ta maison Ouah
Car ils sont sans foi ni loi!Pouah!

Et nous avons chanté le rossignol et moi, nous avons crié à la terre entière en anglais, parce que tout le monde le cause, en chinois parce que tout le monde le causera, en zoulou, en namibien, en perse, en zazou, en patchoum en chiouaoua, en indien des prairies, en mongol des plaines, en aigle des montagnes sur tous les airs des oiseaux, en folk, en swing, en troika, en balalaïka, en Kamchaka, en bourrée, en tarentelle, en mazurka, en chachacha, en mambomambo, en…ah demandez au rossignol il est maître-chanteur, ah excusez-moi quand je dis maître-chanteur je pense musique, pas cerveau fêlé, je ne pense pas à Croacroa, car comme maître-chanteur, on fait pas mieux! Et tous les oiseaux ont repris sur toute la Terre et, du fond des Enfers, Croacroa l'a entendu, il s'est bouché les oreilles et il s'est dit qu'au fond, lui il crame certes, mais il a bien semé, car l'Enfer, il est maintenant chez les oiseaux! (la suite au prochain numéro)